Lucien Lanois, né le 14 août 1891 à Villeroy-sur-Méholle (Meuse), est incorporé au 155ème R.I. à Commercy quand se déclenche la Grande Guerre. Il a échangé près d'un millier de lettres et de cartes postales, en tenant également un journal de guerre sur des petits carnets. Sa petite fille, Gisèle Lanois-Desoteux a édité cet impressionnant corpus qui nous permet de découvrir et de suivre Lucien, dont la trajectoire le mène du front à l'hôpital, de la biffe à l'artillerie, décrivant sa vie et les lieux qu'il parcourt. C'est la trajectoire commune de milliers de poilus dont la « fine blessure » ne fut pas suffisante pour les extraire de l'enfer. Il a été de tous les fronts : blessé à Beauzée-sur-Aire au seuil de l'Argonne dès le 6 septembre 1914, il est toutefois rappelé au front de la Somme un an plus tard après avoir pourtant été déclaré inapte. Il est au terrible Chemin-des-Dames en 1917 puis dans les Vosges (1917-18) avant de connaître divers autres fronts dans l'Oise, en Lorraine (nord de Lunéville), à nouveau dans la Somme. Il est à nouveau hospitalisé à l'été 1918 sans revenir au front. Aujourd'hui, Lucien Lanois est un témoin représentatif d'une réalité méconnue dans cette guerre que nous continuons à redécouvrir, celle des "récupérés".
